L'école buissonnière ou comment survivre à l'école en voyage
- famille meunier-bouliane
- 16 août 2019
- 3 min de lecture

Écrit par Martine- Depuis la première journée de notre voyage, Hugo me suggère d’écrire un article sur notre expérience de scolarisation des enfants pendant notre périple. J’ai attendu la toute fin du voyage pour partager ce dur constat : l’école en voyage, ça fait surtout de belles photos.
En tant qu’enseignante, je peux affirmer que mes enfants se sont rendus où je souhaitais qu’ils se rendent dans leur cursus scolaire. Par contre, autant je pensais me créer de bons souvenirs en leur enseignant, autant la tâche s’est révélée difficile.
Constat 1 : autant j’axe ma pédagogie sur le plaisir d’apprendre en classe, autant en voyage, l’école était la corvée de la journée. Souvent au moment qui était disponible, après une visite ou avant un trajet de train, donc pas nécessairement au moment optimal pour des enfants du primaire. On faisait du cahier d’exercices, parce que je n’avais pas envie de réinventer la roue. Mais c’est certain que c’est moins motivant que de faire des jeux mathématiques, des ateliers ou de travailler à partir de la littérature jeunesse.
Constat 2 : quand tu es le parent, tu peux toujours te cacher derrière les exigences de l’enseignant.e. Quand tu es officiellement l’enseignante, tes enfants tentent de négocier chacune des tâches demandées. Le résultat, c’est que c’est plus simple d’enseigner à 17 enfants, dont la moitié avec des difficultés de tout acabit, plutôt qu’aux deux mien, qui n’ont aucun problème ni scolaire, ni comportemental.
J’aurais pu sombrer dans une déprime qui remettait même en cause ma profession. Sauf que les parents que je connaissais qui avaient fait un voyage à long terme et ceux que j’ai croisés en cours de route, presque de façon unanime, avouaient avoir fait très peu ou pas d’école au final. Et plusieurs des mères étaient des enseignantes, donc j’ai cessé de le prendre personnel comme leur expérience était semblable à la mienne.
Par contre, j’ai persévéré et fait l’école deux heures par jour, soit une heure chacun individuellement ou deux heures à deux, en plus de leur imposer une période de lecture d'au moins 30 minutes. Les seules exceptions étaient les journées de transport qui dépassaient les cinq heures d’autobus ou de train, surtout pour cause de mal des transports important de mon côté, et des journées de tempête à la maison. Donc c’est possible, à défaut d’être agréable.
Si vous vous lancez dans une telle aventure, en plus de vraiment mettre votre détermination en mode marche, il faut quand même un minimum d’organisation. Si l’année est déjà commencée, facile de prendre les cahiers déjà entamés et de les continuer. Même dans ce cas, fort à parier que vous devrez acheter du matériel supplémentaire. Des maisons d’édition, comme Passe-Temps par exemple, vendent toutes sortes de cahiers d’exercices qui, de façon générale, respectent la progression des apprentissages, l’espèce de Bible qui détermine ce qu’un enfant doit voir et maîtriser à chacune des années du primaire. Le tout s’achète en version numérique, et on peut imprimer ou pas.
Il y a aussi des sites internet éducatifs sur lesquels l’enfant peut apprendre de façon plus ludique, par exemple Netmaths pour les mathématiques à partir de la troisième année. Sans oublier des groupes Facebook d’école à la maison, qui pourraient fournir un soutien et assurément des exercices partagés par les membres.
Pour la lecture, avec les bibliothèques municipales qui se sont converties au prêt numérique, c’est relativement simple d’avoir accès à des livres en français sans avoir à traîner une pesante pile.
La véritable difficulté pour le parent-enseignant en voyage sera assurément l’écriture. De façon générale, les enfants ont besoin de voir un sens à leurs apprentissages, donc simplement écrire un journal qui restera privé sera probablement plus difficile que de les « obliger » à alimenter un blog ou une page Facebook de voyage.
Au final, une fois les cahiers refermés pour la dernière fois, j’avoue avoir ressenti malgré tout une certaine fierté d’avoir poursuivi malgré les difficultés. J’ai surtout le sentiment que, grâce à cela, leur retour sera adouci parce qu’ils n’auront pas pris de retard.
Et aussi, j’ai de belles photos.
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